compassion

Notes

Réflexions successives à l'état brut

Janvier 2003
Méthode : faire la synthèse détaillée des grands thèmes puis en faire une conversation. Prévoir pour chaque thème un scénario qui soutiendra l’intérêt de la conversation. Petites descriptions d’enchaînement. Du MOI, JSB en somme.
Peut-être des fables façon VDM
Compassion fonction des gênes, de l’environnement, de l’hérédité.
Compassion flagellation
Compassion imprégnation
Apparition de la compassion chez l’enfant
Compassion et imagerie cérébrale

Tous les dictionnaires s’accordent sur : souffrir avec (com, pati) correspond au grec sympathie(8) avec la notion de douleur en moins.
Certains précisent en divergeant parfois: souffrance commune, traduction du Gaffiot (1), pitié, commisération (2), sentiment qui pousse à partager les maux d’autrui (10,13), avoir une tolérance charitable, s’accorder, vivre avec, état de celui qui est à plaindre (10),
Allemand, le mot Mitleid est la traduction exacte du terme français, en anglais le terme est le même,

Réflexions sur souffrir avec :
l’autre souffre sans vraiment connaître les souffrances de l’un
compassion hypocrisie (voir Bergson),
il y a du mimétisme dans « souffrir avec »,
la compassion peut venir
* du Haut : compassion du Christ pour les hommes, des riches pour les pauvres, * du Bas : compassion de la Vierge Marie pour les souffrances de son fils ou des chiites pour Ali, des groupies pour leur vedette malade etc.,
* du même niveau : bouddhisme, humanitaire, solidarité,
différence avec altruisme


16-2-2003

Méthode :
Rédiger d’abord en langue habituelle puis trouver des mises en formes (hypertextes, Power Point, dialogues, saynètes, histoires, biographies)

En perspective le 21 Août 2003
Définition
Les colles en physique et en biochimie (cellules)
Compassion animale
Vie de Saint Vincent de Paul, Ozanam, Dunan,Lincoln

20-1- 2006
Histoire de la compassion professionnelle (le 20 1 6) des coopératives ouvrières, des syndicats , des sociétés philanthropiques,

23-8-2003
L’idée consiste à balayer dans tous les domaines possibles la notion de compassion :
Différente de l’amour notion extraordinairement multiforme qui va de François de Sales à l’acte sexuel pour le l’argent.
« Amour désintéressé d’autrui »
Amour divin.
Amour maternel
Amour du prochain
Amour sexuel

Qu’est-ce qui dans un individu l’amène à considérer la survie d’un autre comme aussi importante ou parfois plus importante que la sienne propre ?
Phénomène général de l’agrégat physique, minéral, végétal, animal.

Attention danger me dira t’on.
- Dérive possible vers un scientisme à visées politiques (anthropocentrisme, déshumanisation du sujet, théorie de l'évolution etc...) ?
- L’étude scientifique des sentiments est impossible et dangereuse..


La compassion est un des tabous verrouillant l’espèce humaine depuis des milliers d’années et qui a trouvé son expression paroxystique avec Jésus-Christ.
Tabou, qui comme la monnaie, résiste à l’étude objective car il touche au fonds de la cohésion sociale.
Il touche déjà à la fois à des connaissances dites dures à contenu expérimental comme la biologie, la neurologie, la zoologie
Ou dites molles comme l’histoire des religions, des mythes, de la sociologie, de la psychologie, je dis histoire car toutes ces disciplines à mon avis devant être prises dans leur évolution.

10 10 2003
Effrayante rationalité de Rousseau, surtout pour son époque.

27 10 2003
Compassion vis-à-vis du boxeur qui gagne et du boxeur qui perd

13 12 2003
Les scientifiques tiennent toujours à dire qu’il y a dans l’homme de l’inexpliqué qui le situe à part.

Animaux
Distinguer :
-Factuel inexpliqué
- Factuel chimique
- Notion de social
- Ne pas refuser aux bêtes a priori des capacités qu'a l'homme

27-1-2004
1- Jean-Didier Vincent et d’autres rapprochent la compassion de l’empathie : « se mettre à la place de l’autre ». Cette formule est insuffisante : il y a une infinité de façons de se mettre à la place de l’autre de même qu’il y a une infinité de formes de mimétismes (ce que Girard a mal vu). On sait par l’imagerie cérébrale qu’il y a des zones qui concernent le mimétisme. La compassion, c’est se sentir concerné par les sentiments des autres.

2 - En lisant l’histoire des syndicats : voir compassion interindividuelle et compassion de groupe (religions : flagellation collective, état : venir au secours des gens qui subissent des catastrophes naturelles).

22-3-4
code d’Hammourabi contient il de la compassion ?

28 3 2004
On pourrait imaginer un brillant essai : avant le big bang la compassion parfaite, totale. Le big bang : la rupture, puis l’attraction universelle, ou retour à la compassion universelle

Qu’est-ce qui remplace la perception des odeurs et les phéromones chez l’homme

Entretien du mardi 23 mars 2004 avec Papritz : pour lui la compassion médicale naît de l’amitié qu’il éprouve pour ses malades. Il ne partage pas leur douleur physique sauf quand c’est trop spectaculaire.
Au début de sa carrière quand il ne connaissait encore pas les malades de son quartier, il les voyait comme des n° de cas pour se faire mousser vis-à-vis de ses patrons.

Niveau de réception: le savant, l’amateur, le con

2 5 2004
Louis XIV réservait ses mauvais légumes et fruits pour les pauvres
Passage de la force et de la puissance au sentiment, de Louis XIV à Marie Antoinette
Hercule terrassé par l’Amour.

10 8 2004
Note de lecture Guillebaud : la Refondation du monde.
Effroyable ramassis d’idées gauchisantes préconçues parmi lesquelles certaines sont intéressantes.
Surdimensionnement du judaïsme, sous dimensionnement de l’Islam.
Parmi les tabous : les juifs n’ont aucun rôle dans leur rejet : c’est notre faute
Le capitalisme est une théorie.
Le commerce est le mal : aucune analyse de l’acte commercial en tant qu’échange relationnel, acte fondateur de toute civilisation.
Le sacrifice vu comme un crime, un mal fondateur : la société trouve son ciment dans le mal. Pas de lien entre l’échange, le cadeau, le sacrifice, l’offrande.
Aucune distinction entre inégalité et différence : la différence perçue à la limite comme un racisme. Exemple : il ne peut pas y avoir d’hormone inclinant à l’éthique ou au goût artistique.
Confusion entre biosociologie et racisme hitlérien.
Intéressante subdivision des 6 fondements énumérés poussivement.
1 – Le futur évanoui
2 – le projet inégalitaire
3 – La raison arraisonnée
4 – Mondial- universel
5 – Moi et nous
6 – Retour du sacrifice.


18 8 2004
Il y a une différence entre comprendre ce que dit ou ce que fait quelqu’un et se mettre à sa place. Même un biographe peut ne pas se mettre à la place de son personnage. Se mettre à la place de implique qu’on compare nos propres réactions à celle des autres, qu’il y a quelque chose en commun. Je ne comprends pas Einstein mais je peux essayer de me mettre à sa place. C’est d’un autre ordre, un peu comme l’esprit de géométrie et l’esprit de finesse.
La compassion est plus humble que « le fait de se mettre à la place de », ce qui est impossible et parfois avoir une prétention impossible.
Les médecins, les journalistes ne se mettent pas à la place de ceux qu'ils soignent ou décrivent.

En lisant Pascal (BP)
J’ai du mal à me mettre à sa place.
Importance qu’il attribue aux prophéties et aux miracles.
« Les gens du commun ne trouvent point de différence entre les hommes ». une des rares pensées à caractère humain de BP.
Son respect pour les lois établies, mais le peuple ne suit la loi que s’il la croit juste.
Son extraordinaire mais à la fois séduisant crispant aspect raisonneur.

Violence fondatrice
1 – Je ne vois pas pourquoi la violence serait plus fondatrice que d’autres éléments comme la volonté d’agir ensemble pour survivre par exemple. Il n’est pas besoin de commettre un crime pour fonder une société. Que l’on regarde les chefs, les princes, et les souverains qui se sont succédé dans l’histoire et on verra que l’alliance, la filiation, le choix codifié fait dans le calme est tout aussi fréquent et peut-être plus fréquent que l’usurpation violente.

2 – Je ne vois pas dans les mythologies où serait la violence fondatrice du pouvoir : qui cherche à tuer le Dieu le plus puissant dans la mythologie mésopotamienne, égyptienne, grecque, aztèque ?

3 - Pourquoi le mal fondateur nécessaire ne serait-il pas une idée née de la théorie selon laquelle la société au lieu de l’améliorer, avilit l’homme ? Issue de certaines écoles nées du christianisme (je dois tout à Dieu, les biens terrestres sont mauvais) et aboutissant au Rousseauisme, cette notion est actuellement présente dans beaucoup d’esprits. Pour bâtir une théorie de la société, pourquoi faut-il que ce soient les mauvais qui aient le pouvoir (marxisme).

4 – Le meurtre du père est une prolongation de cette façon de voir. Toute autorité ne pourrait être issue que du crime conscient ou inconscient.
Tout ce qui est inconscient a quelque chose de réputé mauvais, malsain (sexe, meurtre). Le rapport à l’autre ne peut avoir qu’une origine inconsciente de destruction. De même Rousseau dit que la société détruit l’homme.
Cette théorie, qui aboutit à Freud en particulier, reflète l’esprit d’une époque pétrie de cette culture post rousseauiste. Une notion aussi intéressante que le meurtre du père serait la volonté d’égaler le père pour lui prouver sa gratitude. Théorie bien pensante et naïve ? Pourquoi n’existerait-elle pas aussi ? Elle apparaît peut-être dans le conscient et dans l’inconscient plus fréquemment que la haine du père.

5 – Le sacrifice comme don, comme cadeau et non comme crime. Quand on aime ou qu’on vénère quelqu’un, on lui fait des cadeaux. Qui peut savoir ce qui se passait dans la tête des Aztèques ou des gens des autres sociétés ayant fait des sacrifices humains ? Le cadeau suprême était une jeune fille. Comment peut-on savoir, nous qui raisonnons d’après l’éthique judéo-chrétienne, si le sacrificateur éprouvait un sentiment de mal ou avait un sentiment de culpabilité, deux concepts arrivées très tard dans la pensée humaine ? Comme peut-on affirmer que les sacrifices d’animaux et les sacrifices en général sont la reproduction cachée d’un crime fondateur ? Apaiser le courroux d’un dieu en lui faisant des cadeaux ce n’est peut-être pas toujours vouloir prendre sa place ni commettre un crime pour conserver la cohésion du groupe.

6 – Le mimétisme vu uniquement comme source de violence dérive de la vision de mal fondateur nécessaire chère à la Bible et à Rousseau. Il existe aussi un mimétisme d’admiration, de vénération, de sympathie, une volonté de ressembler à quelqu’un qu’on apprécie sans vouloir pour autant s’approprier tout ce qu’il a.
Mimétisme d'opposition et mimétisme de fusion
Nous savons maintenant grâce à l’imagerie cérébrale que le mimétisme est un phénomène un acte cérébral réflexe propre à l’homme, une représentation, qui consiste à se mettre à la place de… beaucoup plus général qu’un désir d’appropriation.

7 – Les gens qui ont 20 ans en 2005 et qui disposent des langages informatico-médiamiques n’ont plus besoin de faire appel à des référents grecs et judéo-chrétiens. L’évolution de ce que les intellectuels appellent la technologie fait partie inhérente d’eux-mêmes : l’intimité, les sentiments personnels sans cesse démythifiés et battus en brèche par les télé-réalités, la communication semi-écrite et semi-verbale (SMS), la non nécessité d’approfondir ses appartenances, le sentiment de solidarité et d’amitié qui affleure sans arrière pensée, le fait de ne plus se considérer comme un être à part, la prise de conscience par la confrontation immédiate de ses possibilités et de son degré de liberté font qu’on retrouve le vaste mouvement brownien cher à Girard, mais qui porte des possibilités de régulations nouvelles grâce aux médias, grâce à la confrontation interindividuelle immédiate. La violence est dépassée : seuls ceux dont les référents trouvent leur source basique dans la religion vue comme un ordre entre le bien et le mal (musulmans, chrétiens intégristes), ceux qui ont faim qui se croient rejetés, font appel, à la violence comme outil de cohésion et de domination.

8 – Il se peut que la violence dans les medias (séries, journaux télévisés) contribue à tempérer la violence dans la réalité plus souvent qu’à la provoquer.

9 – La violence des animaux n’est pas fondatrice de société : elle sert à la reproduction d’où découle en partie une hiérarchie: il n’y rien de bien ou de mal dans cette violence.

10 – L’amour, chanté par les poètes, les chanteurs, les romanciers, les films, les séries, les théâtres, est absent des théories philosophiques, politiques, économiques et religieuses. La charité n’est pas l’amour.




Quand on pourra acheter les œuvres complètes d’Hitler à la FNAC, cela permettra de juger sur pièce et non de mythifier l’incarnation du mal, ce qui est la pire des choses.
Quand on pourra dire qu’il serait intéressant d’étudier statistiquement les aptitudes individuelles spécifiques au sein des nations, des ethnies, des pays, des minorités en tenant compte de leur type de culture et d’éducation…
Ces études (voir ma nouvelle vaccin) pourraient se faire sur les plans intellectuels, capacité d’abstraction, capacité d’agir, capacités relationnelles, capacités commerciales, aptitudes physiques, comme on le fait déjà pour la taille, la couleur des yeux ou des cheveux, cela pourra être passionnant. La définition des critères sera importante pour ne pas dévier vers discriminations subjectives.


18 9 4
Il est très difficile chez les hommes de sciences humaines de distinguer leurs observations scientifiques et leur vision éthique du monde, aussi bien pour eux-mêmes que pour les autres.

23 9 2004
Niveaux de compréhensions successives
en musique
en sciences
en raisonnement
Il n’y a pas d’absolu dans la compréhension, même des mathématiques. Euclide, Pascal, Einstein, Gallois ou lambda ne perçoivent pas les raisonnements mathématiques de la même façon et pourtant leurs conclusions sont compréhensibles de l’un à l’autre.

1 4 2005
Premier congrès de la CGT
Les ouvriers sont dignes et capables de prendre en mains la direction des affaires qui sont gérées depuis si longtemps par la classe bourgeoise au détriment de la classe laborieuse.

30 12 2005
Tendance à la multiplication des sources d'émission, de distribution de l'information et de la création: l'oeuvre créée est de moins en moins pérenne et référentielle.
La création de référence, si fréquente en art depuis environ 1780, ne devient plus que celle d'une infime minorité: Bach, Mozart, Beethoven en musique, Vinci, Raphaël, Delacroix en peinture, Michel Ange, Rodin en sculpture étaient des références. Puis, en particulier grâce aux "spécialistes", ils sont devenus des représentants de courants, ce qui a diminué leur valeur de référence en les démythifiant. Parmi ces créations celles des philosophes et de leurs explications du monde.
Les références repassent à présent par des canaux religieux et sectaires.

6 1 2006
Livre 37 « De la charité médiévale… »
Le pauvre est un intercesseur privilégié Livre 37 p.25
La sensibilité au malheur d'autrui résulte d'une évolution des mentalités. Il n'y aurait pas, d'après les auteurs, d'altruisme sécrété par la pauvreté Livre 37 p. 16

13 1 2006
En musique, il y a différents types d'écoute: cela va du bruit de fonds en discutant à la musique profonde en se mettant la tête dans les mains
Mais il y a aussi différents types de musique aimés: pourquoi X aime l'Opéra, Y le baroque joué prétendument baroque, Z le baroque joué non baroque, W la période classique, M la période romantique etc...
Il me parait évident que cela est du ressort du neuronal.
Mais bien souvent on met des hiérarchies de valeur dans tout ça: celui qui aime J. Strauss n'est pas aussi bon que celui qui aime JSB ou la musique de variétés.
En somme que ressentent les spectateurs de Rieu et ceux de Bayreuth ?

Comment se mettre à la place les uns et des autres, en musique comme ailleurs?

1 2 2006
En passant devant le Cap Horn: divertissement au sens pascalien du terme.
Autrement dit: il faut que toujours l'esprit soit occupé à quelque chose. Mais quid du gardien de musée ?
Le cas du fonctionnaire retraité est intéressant. Avant la télé où était sa source de divertissement ?

27 3 2006
Evolution des émissions de télévision de téléréalité:
Compassion avec mimétisme de rivalité, mimétisme de différenciation, mimétisme d'association, .
- mimétisme de rivalité: j'aimerais être à sa place et avoir tout ce qu'il a.
- mimétisme d'association: je ne peux être à sa place et je veux bien avoir la mienne auprès de lui.
- mimétisme de différenciation: pour rien au monde je ne voudrais être à sa place.
- Les émissions de sélection avec des gens connus ou inconnus :
compassion de sélection
compassion-célébrités
compassion inconnus
- Les émissions où on voit vivre des gens comme soi
Tendance à l'individualisme ?



31-3-2006
Compassion des hommes, compassion des femmes
Solipsisme

16-4-2006
LA COMPASSION DEPEND DES CAPACITES DE CELUI QUI L'EPROUVE: un homme de gauche ou de droite, une femme ou un homme, un égocentré ou un altruiste, un intellectuel ou un pragmate, un chien ou un homme, n'éprouveront pas le même type de compassion devant une situation donnée.

6-6-2006
DE LA COMPASSION A LA BELLE EPOQUE

Relations patrons-ouvriers à la Belle époque.
Conférence du 6 juin 2006

Je voudrais vous raconter l'histoire de deux personnages hors normes.
Tous deux ont été particulièrement actifs autour de 1900.
Je ne les connaissais pas, leur histoire m'a passionné. Je voudrais vous la faire partager.
Tous deux ont consacré leur vie aux relations patrons ouvriers.
Sans trop m'attarder sur des généralités, je voudrais insister sur le fait que cette époque est caractérisée par un bouillonnement d'idées et de réalisations aussi bien dans le domaine social et politique que dans celui les sciences et les arts. C'est une époque qui a été surnommée la Belle Epoque et où l'on a l'impression que tout change et que tout peut arriver. C'est une époque, bien que récente, qu'il nous est parfois difficile de comprendre.
Les relations patrons-ouvriers ne font pas exception à la règle et mes deux personnages en sont l'illustration.
Voici donc maintenant leur histoire: l'un s'appelle Léon Harmel et l'autre Pierre Biétry. Commençons si vous le voulez bien par Léon Harmel: il est est né en 1829 et mort à 86 ans en 1915. A 25 ans, en 1854, il succède à son père, propriétaire d'une filature dans les Ardennes, non sans avoir envisagé auparavant de devenir prêtre. Il se marie et a neuf enfants. Il est tenace, travailleur infatigable, entreprenant, pragmatique. Il vit très simplement une vie profondément religieuse, habitant une maison construite dans l'enceinte des ateliers de la filature et attenante à une Chapelle, à laquelle est donné le nom de Notre Dame de l'Usine. Sa femme meurt quand il a 42 ans: il fait dès lors voeu de chasteté et se mortifie par de rudes flagellations. Il tient à s'occuper lui-même de ses enfants, leur donnant une éducation très religieuse et très stricte. Pour lui, la hiérarchie est très claire: Dieu, famille et travail.
Harmel emploie dans son usine du Val des Bois environ 500 ouvriers, ce qui en fait une entreprise assez importante pour l'époque. Il définit l'entreprise comme "une association entre des patrons et des ouvriers de la même profession qui a pour but le règne de la justice et la charité". Il est un excellent gestionnaire et son entreprise dont il sera le patron pendant 60 ans, de 1854 à 1914, sera la plupart du temps florissante.
Pour Léon Harmel l'autorité et la hiérarchie naturelles sont des dons de Dieu, sources de droits et de devoirs: il est, par la volonté de Dieu, le père de ses ouvriers.
Mais Léon Harmel, que l'on surnommait le Bon Père, n'est pas pour autant un paternaliste au sens péjoratif du terme, c'est-à-dire le patron qui fidélise ses ouvriers en contrôlant toute leur vie selon la formule célèbre: né dans une maternité de chez Dupont, enterré dans un cimetière de chez Dupont. Non Léon, lui, le patron, affirme
sans hésiter : "Les usines ont détruit l'harmonie familiale, le patron a pris l'enfant et lui a enlevé la protection de son père, ne doit-il pas, ce patron, en prendre la charge et réparer les désordres engendrés par l'atelier"? Ainsi l'originalité de Léon est d'avoir de l'entreprise une conception avant tout chrétienne, ce qu'il appelle la corporation chrétienne. Pour réaliser ce projet, Harmel crée tout d'abord un milieu favorable à la pratique religieuse et à l'esprit familial. Ainsi fait-il venir, parfois de loin, des familles chrétiennes qui vont travailler à l'usine et montrer l'exemple. D'autre part: il calcule les payes non pas seulement sur des critères d'efficacité individuelle mais en tenant compte de critères familiaux comme le nombre d'enfants de l'ouvrier ou l'état de santé des siens. Il organise aussi une mission catholique dans l'usine. Et puis, pour combattre les fléaux que sont pour lui l'individualisme et l'égoïsme, il organise des associations à caractère économique ou religieux; leurs nombre et leur variété sont significatifs: elles ont pour nom mutualité, syndicat, achats en commun, caisse d'épargne, bonnes lectures, boucherie, hôtellerie, jeux et consommations, compagnie de pompiers, musique instrumentale, chorale, gymnastique, tir, section dramatique, consultations légales, conférences de Saint Vincent de Paul, association du Rosaire, tiers ordre de Saint François. Personne n'est obligé d'y participer et la pratique religieuse est libre. En fait une quarantaine d'ouvriers qui pour certains ont jusqu'à 30 ou 40 ans de maison ne participent à rien. Seule la Mutualité destinée à la Retraite est obligatoire. Tout repose sur la liberté individuelle, dit Léon. Ces associations, gérées et dirigées par des comités élus, ont une autonomie totale
d'action selon le principe cher à Harmel, celui de "faire faire" et non "faire". "Ainsi, disait Léon, sont mis en valeur les dévouements et les aptitudes de chacun. Quand le patron veut diriger les affaires de ses ouvriers, il se trompe: il ne recueille le plus souvent que l'ingratitude". Ces associations ont leur vie propre. Léon assiste parfois à des réunions de ces comités mais quand il donne son avis, il n'est pas toujours suivi et s'en trouve même satisfait. Une autre institution, le conseil d'usine, l'ancêtre des comités d'entreprise, est composée de représentants de chaque atelier et de la direction. Ce conseil d'usine eut au fil des ans une importance croissante. On peut lire dans ses statuts que le Conseil "maintient une entente affectueuse" entre patrons et ouvriers, il reçoit les réclamations, étudie les réformes pour un travail plus lucratif, donne un avis sur les questions d'accidents, d'hygiène, d'apprentissage etc. Contrairement à beaucoup d'autres entreprises durant cette période, Le Val-des-Bois ne connut qu'une seule grève. Ce fut celle de la communion à la messe du dimanche, vers 1893: il s'agissait de belges travaillant au Val des Bois et qui avaient peur de ne pas être naturalisés français.
Destin banal, me direz-vous, que celui de ce patron catholique de province. Non, car Léon Harmel a eu un rôle politique et religieux considérables.
Son rôle politique débute dans l'Association Catholique des Patrons du Nord à qui il propose l'exemple du Val-des-Bois. Mais une majorité d'entre eux est très réticente car elle trouve l'expérience à la limite du socialisme. Par contre Harmel suscite
l'intérêt des hommes politiques chrétiens, qui deviennent ses amis: en particulier Albert de Mun et René la Tour du Pin. Il crée avec eux l'Oeuvre des Cercles Catholiques d'Ouvriers qui eurent jusqu'à 50 000 membres et un rôle politique très important. Pour exposer ses idées il écrit, entre autres, deux ouvrages aux titres révélateurs: "le Catéchisme du Patron" et le "Manuel de la Corporation Chrétienne". Il participe à d'innombrables cercles d'études, réunions, congrès qu'il préside d'ailleurs souvent.
Evoluant avec les idées de son temps, il devient convaincu de la responsabilité de l'état dans la justice sociale: il est un des fondateurs du parti démocrate chrétien et prend une grande part, avec son ami Albert de Mun, dans l'élaboration des lois sociales votées par les députés sous la 3° république. Ces lois concernent en particulier les syndicats (dont il suggère l'autonomie face au patronat), les accidents du travail, les caisses de retraite, les caisses de prévoyance etc.. Sans se présenter aux élections, il profite des campagnes électorales pour faire des réunions, disant:
"Votez pour qui vous voudrez, mais n'oubliez pas qu'un homme a précédé tous les candidats, qui a aimé les travailleurs plus que tous, c'est Jésus-Christ". A Reims, il crée des délégués de quartier ouvriers, et est ainsi un véritable précurseur du SAMU social. Il forme aussi une Union fraternelle du Commerce et de l'Industrie, sorte de Patronat chrétien avant la lettre. Il est aussi un des fondateurs de la Presse catholique et du Journal La Croix.
Mais tout cela n'est rien comparé à son influence et à son rôle dans le domaine religieux. Il devient un des hauts responsables du Tiers Ordre franciscain. A Rome, il fait la connaissance du pape Léon XIII, dont il devient un intime et qui dit de lui: “Ce cher fils m'a procuré les meilleurs jours de mon pontificat” ou encore "Il faut que les Léon Harmel se multiplient". L'encyclique Rerum Novarum qui définit à l'époque la doctrine sociale de l'Eglise, trouve une grande partie de son inspiration dans Léon Harmel. Il pense qu'il faut rapprocher le pape du monde du travail: il organise pour cela pendant plusieurs années de grands pèlerinages ouvriers qui amènent jusqu'à 20 000 ouvriers au Vatican. Enfin Léon Harmel prend une part très importante à la formation sociale des prêtres, formation qui se fait souvent sur le terrain, au Val des Bois.
Une phrase résume bien l'action et la pensée de Léon Harmel: "il n'y que deux forces sociales, le clergé et le peuple des travailleurs; quant aux classes aisées, le paganisme les ont réduit à l'impuissance. C'est dans le peuple des travailleurs qu'est toute l'espérance de l'Eglise".
Un procès en béatification de Léon Harmel a été instruit mais n'a à ce jour pas abouti.
De Léon Harmel il faut je crois retenir entre autres: dans le domaine de la gestion de l'entreprise et des hommes le précurseur du dialogue social, de l'éclatement des centres de décision et de la délégation de responsabilité, dans le domaine politique le concepteur des lois sociales. dans le domaine religieux, un des inspirateurs de la doctrine sociale de l'église. Enfin dans le domaine humanitaire le pionnier de l'aide aux plus démunis dans les villes, le SAMU social de l'époque.
Epilogue: lettre.

Le second personnage dont je voudrais vous parler est Pierre Biétry, un nom que peut-être certains d'entre vous n'ont jamais entendu. Il est né en 1872 à Fêche l'Eglise dans le Territoire de Belfort et mort en 1918 à 46 ans, en Indochine. Son père, ouvrier sur métaux, meurt quand il a huit ans. Le milieu dans lequel il vit est modeste, mais pas pauvre. Après une scolarité sans histoire, il commence une vie mouvementée, allant de l'Algérie à la Suisse en passant par l'Allemagne. A 23 ans, il devient ouvrier sur métaux chez Japy, un des gros employeurs de la région. Puis il rentre dans un atelier d'horlogerie, devient contremaître et se marrie avec la fille du patron. Bientôt, il se lance dans la politique et rejoint les républicains radicaux. Il fustige en vrac l'église, les notables, les grands industriels. Ses premières tentatives électorales sont des échecs. Alors il devient socialiste. Quoi de plus banal, me direz- vous, que l'histoire de ce jeune homme qui cherche à percer en politique ? Mais Biétry est loin d'être banal: cet autodidacte a une force de conviction incroyable et une énergie débordante, c'est un orateur convaincant et un écrivain de pamphlets et d'articles au style flamboyant. Il va de meetings en réunions. De plus il est un organisateur infatigable. Cela se manifeste par un premier coup d'éclat: en 1899, il crée une chambre syndicale regroupant une partie des ouvriers de sa région, celle de Montbéliard. Et il réussit à conduire ces ouvriers dans une grève très suivie et décide d'organiser une marche sur Paris: 1 500 à 2 000 ouvriers sont sur les routes avec des femmes et des enfants. Le cortège, précédéde 4 gendarmes, veut rentrer dans Belfort. Finalement ils passent la nuit au pied des fortifications, devant des feux, en chantant, en dansant et en discutant. Le lendemain matin, c'est l'échec: tout le monde se disperse. Il n'y aura plus de grève pendant longtemps dans cette région, mais l'événement a marqué les mémoires. Biétry devient un héros socialiste, il est un des 48 membres du Comité Général du Parti.
En 1901, coup de théâtre, il condamne, dans un article, la grève générale. Pour lui les ouvriers dans leur immense majorité veulent du mieux-être et non la grève ou la Révolution. Sa théorie c'est que la question sociale ne pourra se résoudre que si patrons et ouvriers s'entendent au lieu de s'opposer, car tous appartiennent au monde du travail. La grève politique ne sert à rien. Seule la grève professionnelle est justifiée, mais seulement en cas d'intransigeance patronale. Il faut tourner le dos au collectivisme et au socialisme: les ouvriers doivent devenir propriétaires d'une partie de leur entreprise et être intéressés aux résultats. Pour Biétry, je le cite, le socialisme tend, dans une lutte visant le Patronat et l'Industrie, à tuer le monde du travail pris dans son bloc. Les véritables ennemis du monde du travail, sont les politiciens professionnels, les spéculateurs, le capitalisme financier et donc d'après Biétry la finance juive. On verra au fil des ans l'antisémitisme de Biétry être de plus en plus virulent jusqu'à en devenir quasiment obsessionnel.
Ces idées d'entente entre patrons et ouvriers le rapprochent de celles d'un syndicat existant alors: le syndicat des Jaunes. Il en devient vite un des dirigeants. Ce syndicat attire rapidement l'hostilité des syndicats socialistes et révolutionnaires. Pourquoi jaune ? Parce que lors d'une manifestation des membres de syndicats "rouges" saccagent et cassent les vitres d'un local de l'autre syndicat. Ses occupants assiégés remplacent ces vitres par du papier jaune, d'où le nom de jaune qui deviendra synonyme de collaboration de classe et de traîtrise. Jaune est encore aujourd'hui une insulte dans le monde syndical français.
Pourtant, à l'époque ces idées remportent un succès certain dans les milieux conservateurs et modérés très différents: des personnalités comme le président de la République Loubet, le président du Conseil Jules Méline, le duc d'Orléans et bien d'autres sont séduits. Le mouvement comprend alors au minimum 100 000 personnes ce qui est considérable. Au congrès des Jaunes de 1904, sont présents par exemple 204 syndicats ouvriers et 7 syndicats patronaux. Certains patrons, comme Gaston Japy, sont de farouches partisans des jaunes. Ils prennent part aux meetings et financent l'organisation. Mais la plupart des patrons sont réticents. Ce qui fait le succès des Jaunes dans un premier temps va aussi faire sa perte: les tendances politiques qui y sont représentées sont trop disparates: modérés,
conservateurs, bonapartistes, royalistes, antisémites, chrétiens, laïques. Le mouvement se radicalise autour du nationalisme montant à l'approche de la guerre de 1914, et aussi autour de l'anti-parlementarisme, de l'antisémitisme, de l'anti- socialisme, de l'anti-maçonnisme, ce qui fait beaucoup d'anti !
Pourtant Biétry continue à être écouté et il est élu député en 1906 à Brest. Il fonde en 1908 le parti propriétiste. Il résume ainsi son programme:
1- Accession des travailleurs à la propriété et à la participation aux bénéfices.
2 - Organisation du monde du travail par syndicats, régions et métiers avec entente
entre syndicats ouvriers et syndicats patronaux.
3 - Liberté de conscience.
4 - Liberté d'enseignement.
5 - Lois d'assistances sociales et caisses de retraite pour les travailleurs.
A la chambre, il siège seul entre la gauche et l'extrême-gauche. Il devient célèbre par ses débats avec Jaurès. Parmi les thèmes évoqués dans ces débats:
- Les subventions ne sont accordées qu'aux syndicats rouges et aux Bourses du Travail qui prônent la lutte des classes.
- Au lieu de détruire les outils de production par des grèves, il faudrait mieux rendre les ouvriers propriétaires de la part de ces biens qui leur revient, ce qui réduirait la misère dont Jaurès parle tant.
- Nationaliser, c'est priver les ouvriers de la possibilité de devenir propriétaires.
- Le patronat de France est exploité par les spéculations financières internationales.
Son parti propriétiste, il le veut séparé du syndicat jaune, suivant en cela l'exemple de la gauche avec sa charte d'Amiens, qui entérine la séparation entre syndicat ouvrier et parti politique.
Il imagine avec Japy des Chambres de Capacité, sortes de Conseils Economiques et Sociaux Régionaux avec un rôle consultatif important auprès du Parlement de manière à contrer le pouvoir des politiques. Tout citoyen âgé de 25 ans peut s'y inscrire et il a d'autant plus de voix qu'il est plus âgé.
Il rédige un projet de loi sur la Séparation des Ecoles et de l'Etat,loi dans laquelle il propose que tous les Français puissent user de la liberté d'enseigner, aussi bien l'instituteur de l'enseignement primaire que le père de famille jouissant d'une moralité irréprochable.
Il considère que seule l'armée, la politique étrangère et la justice doivent être du ressort de l'état.
Mais Biétry est de moins en moins suivi, il lance un appel au pays qui s'attaque aux parlementaires et demande une révision de la Constitution. A 40 ans, il décide de tout plaquer et de partir pour l'Indochine faire fortune dans le caoutchouc. C'est là qu'il mourra en 1918. Il se comporte de façon impitoyable avec les indigènes. Une de ses filles ira aux USA, et épousera un avocat juif du nom de Salinger dont elle aura en 1925 un enfant prénommé Pierre en l'honneur de son père. C'est Pierre Salinger qui deviendra conseiller de Kennedy et sénateur de Californie. Biétry est un homme à multiples facettes. Certains historiens qui aiment reconstituer le passé d'après de ce qui aura lieu après, ont vu en Biétry l'un des inspirateurs d'un fascisme à la française.
Pour moi, ce qui m'a intéressé dans ce personnage, c'est son côté rimbaldien,
poussant tout ce qu'il fait au bout d'une logique qui lui est propre: ouvrier venu d'un milieu modeste, c'est par une démarche personnelle qu'il passe du camp socialiste à celui des Jaunes. Sa vision des relations patrons-ouvriers est totalement originale à l'époque. Il est le premier à avoir exprimé des idées de cogestion, de participation, de propriété salariale et d'intéressement. Ces idées ont fait leur chemin depuis et continuent à avoir une grande importance dans les réflexions politiques et sociales actuelles.
Voilà, j'espère vous avoir transmis l'intérêt que j'ai porté à ces deux personnages. Monsieur Christophe Maillart ici présent a fait une thèse remarquable sur Biétry, thèse pour laquelle il a reçu les plus hautes récompenses et il répondra volontiers à vos questions







11-6-2006
Le fait social n'est pas réductible à l'individu selon Durckheim. C'est à mon avis détourner la question, car un groupe est toujours composé d'individus. La vraie question serait plutôt: qu'est-ce qui se passe dans le cerveau d'un individu quand il agit en tant que membre d'un groupe ? Comment la contrainte et la culture agissent sur le cerveau ?
D'après les fouilles de Mésopotamie, le passage de l'économie de cueillette à la sédentarisation s'est fait dans un égalitarisme des constructions: le fait de tenir compte des sentiments des autres (la compassion) était donc bien passé par là.

La religion est peut-être construite sur deux fondements : la crainte des éléments de la nature et celle des autorités présentes ou passées.

24 6 6
Compassion dans l’histoire antique et actuelle entre commerçants et/ou nobles, religieux, militaires, envahisseurs, paysans, esclaves.
Passage de l’égalitarisme familial du chasseur cueilleur, à la hiérarchie du village puis de l’état, puis du commerce etc.

16 7 6
La base de la démarche socratique est compassionnelle: il se met à la place de l’autre en utilisant ses propres arguments.
Hiérarchie animale mieux stabilisée (acceptation du rôle de non dominant, respect du rôle de chacun) que hiérarchie humaine dans la protohistoire: prise en compte de l’autre ?
Les Egyptologues ont pour les anciens Egyptiens la même tendresse que les maîtres pour leurs animaux.

18 7 6
Nature des liens psychologiques au groupe: famille, clan, tribu, nation

22 7 6
Finalement, je suis en train de m’orienter vers une méthode systématique d’analyse dans les textes de tout ce qui peut avoir trait à la compassion, ou prise en compte (ou non prise en compte) du sentiment des autres.
Ex Dans la Bible (Samuel), on passe d’une page à l’autre de la protection de la veuve et de l’orphelin au massacre de tout un peuple, femmes et enfants nommément compris.
Le commerce peut amener à une dépendance (s’il est vital au quotidien) ou à une liberté (s’il devient un jeu de puissance). De toutes façons, il introduit des relations dans lesquelles il faut tenir compte de l’autre et se sentir concerné par ce qu’éprouve l’autre..

25 7 6
Y a t’il continuité entre les relations compassionnelles des animaux, celles des hommes préhistoriques, celles des peuplades vivant de cueillette et de chasse, et l’homme historique ?
Le grand saut ne serait-il pas l’introduction de l’objet comme médiateur des relations interindividuelles ? Fétichisme, Tombeau, Animisme, Totémisme.
Fétichisme: adoration d’un objet ou d’un élément naturel. Peut avoir un caractère religieux économique (Fétichisme de la Marchandise), ou maladif (fétichisme du clou de talon voir Binet).
Totémisme: Lévi-Strauss dit “Le totémisme est d'abord la projection, hors de notre univers, et comme par un exorcisme, d'attitudes mentales incompatibles avec l'exigence de la discontinuité entre l'homme et la nature, que la pensée chrétienne tenait pour essentielle ». Moi j’ajoute “et discontinuité des hommes entre eux”

7 8 6
Datation des textes de la Bible pour tenter comprendre comment s’y fait l’émergence et l’évolution de la compassion
D’après
http://www.esprit-et-vie.com/article.php3?id_article=151 :
Règne de Josias (- 640 à - 609)

D’après
http://www.religioustolerance.org/chr_tora1.htm
Cinq récits J E D P R
J entre - 848 et -722
E entre - 922 et - 722
D vers 622 Deutéronome
P avant 587
R a fait la synthèse
L’Iliade, l’Odyssée et Hésiode datent d’environ -750
Les rédacteurs du Pentateuque et Homère sont à peu près contemporains.

Faire un ascenseur à maximes.
Bandes dessinées.

Modèles mathématiques et neurosciences.

Le dieu unique comme source de violence, car en tant que créateur, il n’admet aucune concurrence et ne laisse place à aucune compassion pour s’imposer (voir Isaïe).
Puis vint le Christ...

12 8 6
Bible: Compassion du dieu unique pour les hommes mais quid de la compassion des hommes pour le dieu unique. Cela apparaît-il avant le nouveau testament ?

La compassion de dieu pour les hommes est-elle une sorte d’anthropomorphisme?
Tout Dieu est-il une sorte d’anthropomorphisme ?
Quid du Dieu des prophètes tout puissant et qui n’a rien de commun avec l’homme ?

13 8 6
Bible: comparaisons compassionnelles avec les animaux: réjouissez-vous, comme génisses qui gambadent dans les prés, hennissez comme les étalons (Jérémie 50,11)

25 8 6
Iliade: surprise totale au chant 24: la compassion d’Achille pour Priam. Achille tout à coup pense à son père et se sent concerné par les sentiments de Priam. C’est de la compassion à l’état pur.

26 8 6
Hypothèse: on donne aux dieux des sentiments qu’on ne peut ou qu’on n’a pas le droit d’extérioriser soi-même. On se sent donc concerné par les sentiments des dieux (=compassion)


27 8 6
Suite de 22 7 6 §1. Cette analyse des textes sous l’angle compassionnel demande une méthode qui m’apparaît au fur et à mesure de mes lectures. Il faudrait distinguer plusieurs paliers plus ou moins proches de la compassion.
1 - Description de faits sans relation entre les gens. Ce n’est carrément pas le sujet traité.
2 - Relations entre les gens mais avec élimination apparente des sentiments (ex les massacres de la Bible, de l’Iliade ou de Mahababharata, récits factuels, descriptions scientifiques, fonctionnaires)
3 - Relations entre les gens avec observation de sentiments : c’est le cas de celui qui décrit (écrivain, poète, rédacteur) ou du spectateur indifférent (ex pitié dans certains cas).
4 - Relations entre les gens avec échange de sentiments entraînant le changement du comportement. (ex Chant 24 de l’Iliade: Achille change de comportement en fonction des sentiments de Priam.)
5 - Relations entre les gens avec échange de sentiments entraînant un comportement apparemment au bénéfice de l’autre moins favorisé (maladie, fortune, intempéries et de façon plus générale malheur) : ex charité

NB Le 24 1 8 : La compassion n’entraîne pas forcément un comportement, ça peut n’être qu’une attitude (rappelons le « se sentir concerné par ce que les autres éprouvent »)


23 9 6
Curieusement, après avoir travaillé le sujet de la compassion depuis plusieurs années, une drôle de théorie est en train de s’échafauder dans ma tête, sans même que je le veuille.
Expression ultime de la notion de lien et d’attirance (des atomes à l’homme), la compassion serait le plus haut niveau d’évolution des êtres vivants et expliquerait toute notre évolution. Le fait de tenir compte de l’autre dans quelque espèce que ce soit expliquerait son potentiel d’évolution. Il serait possible d’expliquer la compassion à travers les neuro-sciences dans un avenir plus ou moins proche. La compassion serait la condition de progrès de toute espèce car elle agrège les individus pour leur survie. De là à penser que les espèces disparaissent par manque de compassion ... Les visions mythiques ne seraient que des moyens d’éviter les affrontements et seraient donc un moyen de faire affleurer la compassion. La compassion ne serait qu’un cas particulier de l’immanence de l’Univers d’où la recherche de mystérieuses correspondances à travers de différentes explications du monde.
C’est pourquoi je me suis lancé dans l’étude des textes anciens qui devrait m'amener à comprendre une évolution de la compassion: quel programme !
Ces pensées disparates me font peur car elles ressemblent à une théorie, ce que je cherche à éviter par dessus tout.

24 9 6
Pourquoi les faux bourdons sont aidés par les ouvrières à sortir de leurs alvéoles alors que les ouvrières ne s’aident pas entre elles ?

1 10 6
Grecs: compassion-faiblesse, compassion-familiale, compassion des gens de même caste, compassion-amour, compassion-enfants, compassion-horreur.

9 11 6
Un ensemble peut avoir un comportement diiférent de ses composantes, l’élément de base reste la composante. Cela est vrai pour les individus, les groupes et les nations, cela est vrai pour les neurones, les réflexes, les sentiments, le mimétisme.

27 12 6
Un concerto de Mozart ... c’est seulement ça le sommet de la civilisation occidentale ?
De quel droit mettrais-je une échelle de valeur entre le bonheur d’un con et celui d’un grand penseur ?

4 3 7
Recopie site pour me souvenir des thèmes sur l’antiquité
Le thème “Compassion et Grèce antique” apprend beaucoup sur l’histoire de la compassion.

29 4 7
Les fous nécessaires à la cohésion sociale


12 8 7
Dieu et compassion
A chaque Dieu sa forme de compassion
Le Dieu de l’Ancien testament n’a aucune compassion pour ses ennemis
Les dieux des grecs ont de la compassion pour les hommes, même ceux qui s’opposent à eux.
Boudha est compassion (?)
Et Shiva et autres dieux hindous ?
Jésus meurt de compassion.
Les dieux animistes, étant des incarnations de choses ou d’animaux, n’ont aucune raison d’avoir de la compassion.


16 9 7
La politique de la pitié selon Arendt
Le comble de l’auto-compassion, c’est quand j’imagine que je suis mort et que les gens me regrettent.
Politique de la justice vs politique de la pitié : droit des victimes et droit des coupables.


20 9 7
La compassion souffrance est incontestablement la plus reconnue.
Selon les sujets traités, il faut remettre la compassion dans le cadre de ce qu’elle signifiait à l’époque traitée.

Politique de la justice vs politique de la pitié (voir Arendt)

2 10 7
Dans Arfeuillères, Dieu ne peut être que remplacé par une autre idéologie

5 10 7
Mein Kampf p.111 La mission qui lui est destinée par le créateur de l’univers.
Le fait de sentir que d’autres souffrent du même mal, suffit déjà, chez beaucoup de gens pour atténuer leur propre douleur
p.167 Le Juif feint hypocritement d’avoir de la compassion.
p.180 Chef élu par les membres, désigne tous les chefs.
p.180 Religion : rôle fondamental de soutien moral
p.290 Car c’est la volonté de Dieu qui a jadis donné aux hommes leur forme.
Rôle historique des juifs chez Hitler beaucoup plus important que ne leur donne la pensée toute faite des exégètes : les juifs, peuple sans terre, détruit les peuples qui ont une terre en les prenant comme dans un étau entre d’une part les finances internationales apatrides grâce aux grands financiers et d’autre part le monde ouvrier gangrené par le juif Marx et ses disciples.

16 10 7 Tragiques grecs
Souci d’éveiller les autres au souci pour le vrai et le bien (texte Gildas Richard) : ce n’est plus le souci d’autrui en soi , c’est le souci d’autrui pour le faire évoluer. Compassion didactique

Dans le procédé du dialogue de Platon, on cherche à ressentir ce que l’autre éprouve mais ce n’est qu’une étape. Compassion maïeutique.

Dans Menon Interrogation de l’esclave, considéré comme une chose qui apprend : aucune compassion.

Dans l’Ancien testament la compassion prend de nombreuses formes :
Compassion commandement de Dieu.
Compassion de Dieu pour les hommes.
Compassion créée par Dieu qui change le caractère des hommes.
Compassion éprouvée par des hommes entre eux.
Le fait d’identifier le pauvre au juste, parmi lesquels la veuve et l’orphelin, est-il vraiment de la compassion ? Dieu quand il donne le commandement d’aider le pauvre, demande-t’il pour autant qu’on se sente concerné par ce qu’il éprouve ? Mais alors pourquoi cette loi ?
Pourtant il y a aussi le : plains l’immigré car tu as été immigré.
Souvent le fait de se sentir concerné par les autres provient plus d’un commandement que d’un état nécessaire à la cohésion sociale.
On peut faire changer dieu d’avis en invoquant sa pitié.
Mais qu’est ce que cette pitié dont la seule mesure est la volonté de dieu qui devient une sorte d’enfant gâté.
Le petit est excusable et digne de pitié# Seigneur aie pitié. Le petit mérite que chacun ait pitié de lui, moi je demande la pitié de Dieu. La pitié sentiment humain ou divin ?
Dramatisation de la non compassion dans les périodes de colère divine : dieu oublie alors toute forme de compassion.
Les reproches à dieu sont un appel à la compassion.
Dieu demande à Abraham de tuer son fils, ce qu’il n’hésiterait pas à faire si dieu ne l’arrêtait pas. Les lois qu’énonce Dieu sont des commandements qui, quand ils sont transgressés par le peuple juif, l’autorise à transgresser lui-même tous ses commandements.
Dieu garant de la cohésion sociale.
Aumône=louange
Il est difficile de distinguer les préceptes divins des préceptes humains
Le faible a plusieurs visages : veuve, orphelin, malheureux, déportés, émigrés, indigent, affamé, affaibli, infirme, humilié
faire l'aumône, c'est offrir un sacrifice de louange
Compassion des ennemis: rétablissement du culte
Les proverbes: compassion humaine ou divine ?
Compassion divine critiquée
Caractère contractuel de la compassion: tu souffres, je te délivre, tu me glorifies
Dieu est incompris
Les passages de compassion sont les moins nombreux

18 6 8
Ce que Bergson appelle l’amour , l’élan vital, Dieu etc… c’est finalement assez proche de ma notion de la compassion, comme élément fondateur de la société ou de tout groupe (à vérifier et à approfondir)

Il y a dans toute culture des éléments qui subsistent encore aujourd’hui et d’autres qui disparaissent
Le faible, le méchant, l’excès des plaisirs des sens etc…

3 7 8 La libération d'Ingrid Bettancourt et l'assassinat de deux étudiants français à Londres. Pour la première un déchaînement médiatique mettant en oeuvre toutes les cordes sensibles de la compassion familiale: on regrette presque de n'avoir pas vu les moments intimes des retrouvailles. Cette apologie du sentiment familial d'une famille recomposée est passionant: il s'agit peut-être d'une identification de beaucoup avec la famille Bettancourt. Et puis pourquoi cette volonté systématique de pénétrer l'intimité des personnages médiatisés ? C'est de la compassion pure.
Cercle compassionnel: ce qu'en pensent les gens, ce que les journalistes croient que les pensent, l'effet induit de ce que disent les journalistes qui peut influencer ce qu'en pensent les gens etc.
Part de la défense des libertés ? Effet de la culture française liberté, égalité, fraternité ?
Va t'on filmer l'affliction des parents des étudiants français assassinés à Londres ?

12 7 8 La lecture du Ramayana m'a complètement pris: au delà des invraisemblances qui heurtent la nature rendue raisonnable de l'homme du XXI° siècle des sociétés dites développées, le maniement des symboles, des récits, de la nature de la vie terrestre portent en eux, même si on ne les connaît ou ne les comprend pas des résonances qui vont au delà de notre perception. La compassion y tient une place importance, comme dans les autres cultures étudiées mais elle y peut-être plus sous-entendue comme allant de soi.

17 7 8 Les faits divers dominent l'actualité: fascination que nous avons pour les cas particuliers. Forme de compassion: si j'étais à leur place, mais malheureusement ou heureusement je n'y suis pas.

11-3-9
La page que j’ai décidé d’écrire chaque jour, cela peut être des théories, une série de nouvelles, un livre plus important. Les thèmes : la compassion, la poursuite ou la mise à jour de mes précédents écrits, la continuation de « mémoire », moi, la monnaie et le travail, j’ai commencé :
Il paraît intéressant, particulièrement à la lumière de la crise actuelle, de réfléchir à deux notions : le revenu et la monnaie.
Revenus ;
Les manuels d’économie distinguent les revenus du travail et les revenus du capital. Les définitions du travail et du capital sont vagues et générales (exemples dans Larousse.
Travail : activité de l'homme appliquée à la production, à la création, à l'entretien de quelque chose.
Capital : Somme d'argent constituant l'élément principal d'une dette et rapportant des intérêts).



J’ai écrit mémoire à raison d’une page par jour pendant 13 jours et ça a pas mal marché.
Mon plan actuel est de terminer le Nouveau Testament, puis de mettre de l’ordre dans le site compassion puis trouver le thème d’écriture. Au fonds je sens que j’ai quelque chose à dire (mais peut-être à moi seul) avant de sombrer dans les nuées de la sénilité.

12 3 9
Pourquoi certaines œuvres artistiques restent pérennes ?
Le temps des cerises
Les airs de piano bar
Beethoven
Bach
Mozart
Praxitèle
Vinci
La pérennité auprès d’une élite ? La durée a sans doute son importance : le temps des cerises durera-t’il autant que Bach ? Certains thèmes de choral autrefois chansons populaires datent d’avant les grands musiciens classiques.
Il y a un autre aspect : c’est la faculté à partager des émotions d’ordre différent et de durée différente. En musique, on peut apprécier tout un mouvement ou seulement un passage. Beaucoup de gens écoutent Tristan et trouvent cela beau tout le temps. Est-ce par ce que l’ensemble est beau ou que tel ou tel passage est beau ?
Autre question : pourquoi une œuvre devient célèbre ? Airs qui viennent sur toutes les lèvres.
La beauté est-elle une affaire de mode ? quand on voit la reproduction d’un temple grec ou d’une cathédrale peints de couleur vives comme ils l’étaient à l’époque de leur construction, on n’éprouve pas le même sentiment qu’en les voyant aujourd’hui avec la couleur des pierres apparentes.
Plaisir pris à écouter du rock avec les basses à fonds dans une voiture et plaisir à écouter l’ « et incarnatus est » de la messe en si.

Musique : réaction quasi corporelle à une œuvre : on bat la mesure avec les pieds, on hoche la tête. La gestuelle et les mimiques des chefs d’orchestre ou des solistes sont à cet égard très intéressantes. Ils accouchent de la musique pour qu’elle exprime ce qu’ils ressentent. Ces mimiques s’adressent à qui ? Aux musiciens ? Au public qui ne les voit pas ? A lui-même ?

Un aspect de la compassion tout à fait actuel et très passionnant est le spectacle : rôle de l’acteur, du spectateur, de l’inventeur du spectacle.

La compassion dans le spectacle qu’il soit théâtre, musical ou sportif :
Il y a toujours quatre protagonistes : l’inspirateur, l’auteur, l’acteur, le spectateur
L’inspirateur peut être d’origine divine (pièces grecques, mystères du Moyen-Âge, musique sacrée), d’origine sentimentale (opéra, théâtre classique et moderne), d’origine politique (pièces engagées), d’origine sociale (théâtre de boulevard)
L’auteur peut être un écrivain et/ou un musicien, un inventeur de règle (sport)
L’acteur peut parler, chanter ou mimer
Le spectateur est celui qui reçoit le spectacle : il est celui qui se sent concerné par ce qu’éprouve le personnage joué par l’acteur.
Le rôle de l’acteur est décisif : il doit faire en sorte que le spectateur se sente concerné par ce qu’éprouve le personnage qu’il joue.
Il arrive que l’acteur se substitue au personnage et que le spectateur se sente plus concerné par l’acteur que par le personnage que joue l’acteur. On se trouve alors devant le phénomène de la vedette ou star.

26 3 9
La compassion dans les évangiles se réfère à l’amour de Dieu. Pour le chrétien (comme pour le musulman) toute compassion passe par Dieu, elle est la transcription de l’amour de Dieu.
Pourquoi ne pas supposer que les révélations de Bouddha, du Christ ou de Mahomet modifient certaines liaisons neuronales.


30 3 9
Grand prix automobile : (dans la suite des réflexions sur le spectacle).
Pourquoi regarde t’on du sport ? on se sent concerné par ce que le jour éprouve.
Donc il y a compassion, il y a cette sorte de notion d’appartenance à ce morceau de la race humaine qu’est le sportif : il est un peu nous et chacun de nous est un peu lui.
Quand un spectateur voit qu’il est télévisé, toute son attention se porte sur la camera : on dirait qu’il prend à témoin les millions de gens qui regardent en disant « regardez, je suis là », j’existe, je suis un des votres. Cela ne s’adresse sans doute pas seulement qui pourraient le reconnaître.
Même quand il y a plusieurs joueurs (foot)

2 4 9
Jean Mauduit dit qu’il faut écrire un peu chaque jour, c’est comme faire de la musculation.

3 4 9
Aujourd’hui, Martin et Hubert se promenaient dans la ville. Il y avait beaucoup de monde. Ils sont passés devant une femme assise par terre contre un mur, qui tenait un bébé dans ses bras et tendait la main pour demander de l’argent. Hubert a détourné les yeux, Martin s’est tourné vers Hubert et a murmuré: « Pauvre femme ». et ils ont tous les deux continué leur chemin.

5 4 9
On passe plus de temps à chercher des comment apprendre qu’à apprendre. (ex Google)


24 4 9 A propos d'une citation de Platon Gorgias 93 – si l’on tue injustement…digne de pitié. Celui qui tue justement…n’est pas digne d’envie. Le plus grand des maux c’est de souffrir l’injustice. Comment l’injuste se met hors de la société et pourtant est digne de pitié ?

(Médée"J'ai pitié de toi mais je ne peux rien faire" dit Ulysse).

10 5 9 L'art de l'imitation (voir Platon) est le fait de l'artiste. L'artiste en imitant cherche la compassion (se sentir concerné par ce que l'autre ressent). Ce n'est pas recommandé par Platon pour être soi-même. A notre époque, l'imitation est généralisée à travers les arts, les spectacles. On en vient à la conclusion que chercher à imiter l'autre déstructure chaque individu: la compassion ne cherche pas à imiter, elle se sent concernée par ce qu'éprouve l'autre mais pas au point de se détruire soi-même.

Parmi les Grands sujets à traiter, je vois pour l’instant (juillet 2004 et mai 2009)
1 - Compassion et matière
2 - Compassion animale
3 - Compassion et cultures (17 8 7)
4 - Compassion dans les mythes et les religions
5 - Compassion et histoire politique
6 - Compassion et histoire sociale (depuis rien jusqu’à la sécurité sociale en passant par les syndicats, coopératives, sociétés philanthropiques, …)
7 - Compassion: fondements biologiques, chimiques, électriques, psychologiques (sciences cognitives, neurosciences, mimétisme). (22 10 7)
8 - Compassion interindividuelle et Compassion intergroupe
9 - Compassion et art: théâtre, littérature, peinture musique (22 10 7)
10 - Compassion et commerce
11 - Compassion et rationalité ? (9 4 6)

6 8 9
Déclaration des Droits de l'Homme
Article 21.
Les secours publics sont une dette sacrée. La société doit la subsistance aux citoyens malheureux, soit en leur procurant du travail, soit en assurant les moyens d'exister à ceux qui sont hors d'état de travailler.

Dimanche 20 9 9
Lu dans le train le tome 2 de « de la démocratie en Amérique » de Tocqueville.
Que d’idées séduisantes et comme c’est bien écrit bien que dans un styla ampoulé et vieux qui se regarde écrire indéfiniment et dit des choses simples en délayant comme les penseurs politico-philosophico-sociaux de puis Hobbes, Locke jusqu’à Rousseau et suivants.
Pourquoi ces gens-là n’expliquent-ils pas leurs idées de façon simple et synthétique. C’est ce que j’essaie de faire dans mon site, probablement au grand dam des intellectuels qui le liraient.
Démocratie :
- on n’a pas le temps de réfléchir et on ne le souhaite pas, on préfère faire confiance aux idées générales et au public (la majorité).

- Tu as vu tous ces employés qui se suicident à France-Télécom ?
- Il n’y en a pas plus que d’habitude.
- Tu n’as pas honte de ce que tu dis-là ?
- Ce pourrait être une action médiatique des syndicats pour prouver que le passage du public au privé est catastrophique.
- Tu as toujours été contre les syndicats ! D’ailleurs tu es de droite pour dire des choses pareilles.
- Je n’ai entendu personne, ni à gauche ni à droite dire cela : c’est moi qui le dis. Et j’ai dit « ce pourrait être ». Toi j’ai l’impression que tu es de gauche.
- Oui, je suis contre l’oppression du faible par le riche.
- Et là ce sont des pauvres opprimés qui se sont suicidés ?
- Non c’est le pouvoir tout puissant du capital qui écrase les travailleurs.
- Et dans le privé, tu connais les taux de suicides ?
- Non.
- Et dans le public, tu connais les taux de suicides ?
- Non.
- Moi non plus, alors laisse-moi faire des hypothèses qui ne sont pas dans le droit-fil de ce que la majorité raconte.
- Tu te rends compte du malheur des familles de ces suicidés ?
- Est-ce que ça va vraiment t’empêcher de dormir ?
- Non mais tout de même…
- Alors informe-toi des différents cas, des problèmes de chacun.
- Mais je n’ai pas le temps.
- Si tu n’as pas le temps c’est que tu participes au système et que tu préfères confier ton opinion à la majorité.
-
Lundi 21 9 9
- C’est affreux il y a chaque année des dizaines d’espèces animales et végétales qui disparaissent. Et l’homme est en grande partie responsable.
- Ah bon ! Mais depuis qu’il y a des espèces, combien ont disparues et combien sont apparues ?
- Ce n’est pas le problème : le problème c’est qu’il n’y en a plus qui apparaissent, sauf celles qui sont nocives pour l’environnement
- Mais toutes les espèces interagissent entre elles : l’homme n’est qu’un cas parmi d’autres. Il disparaîtra aussi.Tu ne pourras faire un bilan que dans quelques millions d’années.

Mardi 22 9 9
La mort de quelqu’un qu’on a vu récemment est toujours un formidable point d’interrogation. On n’y croit pas. Est-ce cela le travail de deuil ? Et à partir d’un certain âge : et moi c’est quand ?

- Ils ont évacué la jungle de Calais. C’est affreux tous ces jeunes gens désespérés.
- Le ministre te dira que c’est pour arrêter les réseaux de passeurs.
- Mais ça recommencera ailleurs : encore une fois le gouvernement fait de la courte vue. D’ailleurs même à la télé officielle, ils ont dit qu’ils avaient convoqué toute la presse internationale.
- Pour faire pleurer les foules devant ces jeunes désespérés ? c’est plutôt mauvais pour le gouvernement d’exciter la compassion. Franchement dix jeunes effondrés et un ministre plutôt antipathique, y a pas photo.
- De toutes façons, c’est pas une solution. Ces pauvres types…
- Tu es prêt à accueillir un chez toi.
- Mais c’est pas à moi de faire ça c’est à l’état…
- Sans commentaire…

Mercredi 23 9 9
Intervention de Sarkozy : il n’est pas possible de trouver sur Internet en particulier les sites de TF1 et Antenne 2 la déclaration intégrale. Il faut aller sur le site Présidence de la République Seul extrait video : l’otage en Iran et le mot « coupable » à propos de Clearstream. Tocqueville (dont je viens de finir l’Amérique) disait que la liberté de la presse était essentielle.
- Tu as vu ce titre dans un journal : « Ce qu’il faut retenir de l’intervention de Nicolas Sarkozy » ?
- Oui et alors ?
- Moi je trouve cela scandaleux, comme si le journaliste te forçait à ne retenir que certaines choses, comme si tu étais trop bête pour comprendre, comme s’il n’y qu’une façon de retenir ce qu’il a dit. C’est à toi de te faire ton opinion et pas à lui de te dicter ce qu’il faut penser.
- Mais tu ne peux pas tout lire et en plus te faire une opinion.
- Non pas lire, il suffit d’écouter.
- Mais quand tu n’es pas là ?
- Tu n’as qu’à pré-enregistrer.
- Mais je ne peux pas penser à tout. De toutes façons, tu dois pouvoir le retrouver sur Internet ce discours.
- J’ai cherché partout et n’y suis pas arrivé.

Jeudi 24 9 9
La confrontation que fait Tocqueville entre égalité et liberté est intéressante, pleine d’intelligence dans la méthode et dans le mode de pensée sans à priori.
- Moi je trouve que l’égalité est un des acquis fondamentaux de l’humanité.
- Mais on peut aussi dire qu’elle nivelle par le bas : plus de grands génies, plus de grands artistes, plus de grands hommes politiques.
- Où as-tu vu ça ?
- Mais on le voit tous les jours : regarde le succès de secret Story

Vendredi 25 9 9
- Moi je trouve que Secret Story est scandaleux, avilissant, un désastre, une sorte de couronnement de la bêtise humaine.
- Moi je trouve cela au contraire intéressant : le succès s’explique peut-être par le fait que les téléspectateurs peuvent s’identifier aux héros encore mieux qu’ils ne le font pour les acteurs.
- Mais ils sont bêtes, ils raisonnent à ras de terre sur des problèmes dont la futilité est dégradante pour eux, pour ceux qui les regardent et pour l’humanité tout entière.
- Comme tu y vas : belle phrase, grands mots. Moi ce qui m’intéresse c’est à la fois le succès et le mépris des cultureux qui se réunit eux-mêmes par leur mépris.
- Mais où va t’on : regarde Jonathan, Emilie, FX : on les voit qui couchent ensemble, qui se jalousent qui éprouvent des sentiments d’une bassesse immonde.
- Ah tu vois tu les connais, c’est donc que tu regardes.
- Moi et alors, il faut bien se mettre au courant.
- Fausse excuse : tu vois que cela t’accroche sinon tu ne regarderais pas.
- Je me demande où va ton avec ce genre de dégradation. Les vrais valeurs disparaissent.
- Qu’appelles-tu les vrais valeurs ? Et précisément où va t’on ? c’est à ça qu’il faut réfléchir en examinant les faits sans les juger.

Samedi 26 9 9
- Les vraies valeurs, pour moi, c’est le respect des autres, les choses qui élèvent l’esprit, la lecture, les arts.
- Qu’appelles-tu les vraies valeurs ? Il y en a des fausses ?
- Oui, tout ce qu’on voit à la télé (que je ne regarde jamais), ces jeux avec des questions bêtes, ces émissions people où on te fait vivre par délégation, ces séries américaines toujours pareilles, ces retransmissions de sport, tout ça est avilissant.
- Eh bien, pour quelqu’un qui ne regarde pas la télé, tu as l’air plutôt au courant.
- Il faut bien se tenir au courant
- Tu vois, toi aussi tu succombes. Et si tu regardais les choses autrement ? Et si les valeurs nouvelles (tu vois, je ne dis pas les vraies valeurs) étaient celles qui émergent des medias ?
- Ça veut dire quoi ça ?
- Le contraire de ce que tu as dit : l’égalité, le plaisir immédiat, regarder des sports, les jeux video.
- Tu trouves ça réjouissant ?
- Je n’ai pas à juger. C’est un autre monde qui se transforme en permanence et n’est plus le nôtre.

Jeudi 2 octobre 2009:
- Les gens qui écoutent avec des audioguides dans les musées m’énervent : j’ai l’impression qu’ils écoutent ce qu’il faut penser d’une œuvre ou d’un peintre.
- Moi je trouve que c’est très bien parce que tu apprends des tas de choses.
- Moi je pense qu’il faut se laisser surprendre par l’œuvre et se laisser pénétrer par elle. Après ça on peut approfondir mais surtout pas se faire dicter la manière dont il faut regarder l’œuvre.
- Oui mais il faut avoir beaucoup de sens artistique pour faire ce que tu dis.
- Mais non, un enfant de 12 ans peut voir sur un Rubens des bonnes femmes nues et ricaner, mais il aura enregistré le tableau dans sa tête ; ou encore il peut voir le chien de Giacometti et dire : « tiens t’as vu, c’est un chien ! », il a une drôle de forme

Vendredi 5 mars 2010
L’année prochaine j’aurai 69 ans, puis 68
Continuum Compassion de Saint Vincent de Paul aux patrons « paternalistes » de la Belle Epoque. Rupture de la représentation du monde bons-mauvais en Europe. Rôle de la monnaie. Rupture des relations interindividuelles via les medias.

Samedi 20 mars 2010
L’amour pour les chrétiens est parcelle de Dieu que chacun a en lui.
Le soi des asiatiques est une parcelle de pensée cosmique que chacun renferme en lui.
L’Univers des scientifiques contient-il une intention originelle, une parcelle de pensée dont nous serions le résultat. Peut-être que par définition c'est impossible à trouver : le boson de Higgs pourtant en rapproche.

Dimanche 28 mars 2010
Dans L'Introduction à la Vie Dévote, la charité est envisagée comme une vertu entre autres.
La pauvreté est vécue par Saint Vincent de Paul, Saint François de Sales et Saint François d'Assise comme une volonté d'imiter Jésus Christ.
Dans le bouddhisme, la souffrance est une donnée cosmique, pas celle d'un dieu.

Jeudi 30 septembre
La reconnaissance des autres importe peu, ce qu'il faut c'est être transparent vis-à-vie de soi-même et poursuivre.
Ne pas défendre une théorie. Progresser.
Ne pas chercher des justifications en lisant beaucoup, en étant au courant de toutes les théories, en brillant par son savoir, mais en piochant partout, ce qui possible maintenant grâce à internet, grâce aux voyages.
Les grandes théories bien construites sont mortes.